10 faits que vous ignoriez sur l’allaitement dans le monde

Comment allaite-t-on à Tokyo ou en Afrique australe ? Quel pays est le champion du monde de la lactation ? Comment les gouvernements encouragent-ils l’allaitement des mamans actives ? Petit tour du monde des faits surprenants sur l’allaitement.

Tout naturellement, on se dit qu'il n'y a rien de plus simple qu'allaiter. Un bébé, un sein et le tour est joué ! Et pourtant ... si la nature a doté toutes les femmes du monde du pouvoir de donner le sein, la pratique est loin d’être universelle.

On estime à seulement 40% le nombre de bébés allaités sur le globe. En cause, les croyances, les traditions, l’activité ou encore le statut des mères qui influencent les choix d’allaitement d’une culture à une autre.

1. Au Japon, on allaite à l’abri des regards dans des cabines d’allaitement

Couvrez ce sein que je ne saurais voir ! disait Molière. Et bien le mood reste globalement le même 4 siècles plus tard et à presque 10.000 kilomètres de là.

Il est vrai que l'inventivité du pays du Soleil-Levant n'est plus à faire : on connaissait les rames de métro réservées aux femmes et le soutien-gorge qui permet à papa de donner la tétée. Voici désormais les cabines d'allaitement. 

Même si la pudeur est de rigueur dans la culture japonaise, l’allaitement est fortement encouragé. D’ailleurs, si la population nippone connaît le plus faible taux de natalité du monde (1,36 enfant par femme), les mères allaitantes ne sont pas du tout laissées pour compte.

Dans l’espace public de certaines villes, on trouve des « jyunyuu-shitsu » à disposition des femmes et de leur progéniture. Il s’agit d’aires d’allaitement équipées et strictement interdites d’accès aux hommes. Elles permettent aux mamans de calmer les fringales de leur bébé en toute tranquillité. Et comble du luxe, les plus pudiques peuvent même opter pour une cabine individuelle.

2. En Mongolie, on consomme du lait maternel… à tout âge

Si chez nous, le concept peut soulever les cœurs (désolée si vous passez à table), il existe des endroits sur terre où l’on a compris le potentiel du lait maternel

En Mongolie, le lait est considéré comme tellement sain que même les adultes y goûtent occasionnellement. Les Mongols en raffolent ; ça nous rappelle presque l’amour d’Obélix pour la potion magique.

Les mères réservent en effet souvent un peu de leur lait pour le reste de la famille. Il est aussi courant d’utiliser ce lait maternel à des fins thérapeutiques, notamment chez les personnes âgées. C’est également le cas en Chine, où les convalescents en consomment pour reprendre du poil de la bête.

Sans surprise, parfois les pratiques dérivent. Et ça n'a pas raté ! La capitale japonaise a récemment vu s’ouvrir le premier bar à lait maternel du monde. Trop cool se dit-on ! On y consomme du lait au verre ou directement au sein... WHAT ?! Hélas, son emplacement au coeur du quartier rouge tokyoïte et sa clientèle exclusivement masculine ne laissent aucun doute sur sa finalité érotique plus que thérapeutique.

3. Dans la culture musulmane, on pratique le Tahnîk

Pour vous remettre en appétit, sachez que de nombreuses familles musulmanes pratiquent le Tahnîk. Cette tradition veut que l’on applique, avec le doigt, la pulpe d’une datte sur le palais d’un nouveau-né avant sa première tétée.

Si l’on n’a pas de datte sous la main, tout aliment sucré fait l’affaire. L’objectif est de préparer l’estomac de l’enfant à recevoir le lait maternel.

Récemment, les bienfaits de cette pratique ont été prouvés par des chercheurs de l’université d’Auckland en Australie, grâce à leur étude The Sugar Babies Study. L’expérience a été réalisée en maternité, auprès d’un échantillon de nourrissons et à l’aide de gel de dextrose. 

Leurs conclusions ? Le procédé permettrait de réduire l’hypoglycémie des bébés. « Le gel de dextrose devrait devenir un traitement de premier plan pour prendre en charge l’hypoglycémie pour les prématurés tardifs et les bébés à terme dans les 48h après la naissance », précise le rapport. Une coutume à copier sans plus tarder ! 

4. En Indonésie, les working mums font livrer leur lait par coursier

À l’ère de Deliveroo et autres Uber Eats, les bébés indonésiens disposent eux aussi de leur service de livraison de nourriture.

On le sait, la durée d’allaitement dépend trop souvent de celle du congé de maternité. Les bébés sont fréquemment éloignés du sein nourricier après quelques mois, lorsque les mères doivent reprendre le chemin du travail. Pourtant, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande l’allaitement exclusif les 6 premiers mois, puis en alternance avec d’autres aliments jusqu’à au moins 2 ans.

Manque de chance, mère Nature a rendu difficile, voire impossible, de tirer suffisamment de lait chaque matin pour subvenir aux besoins journaliers de notre progéniture. Alors, que faire ?

L’entreprise indonésienne Arga Nirwana Express a trouvé LA solution imparable pour les working mums : la livraison de lait maternel. Du vrai génie ! Depuis 2005, les coursiers se rendent sur le lieu de travail des mamans afin de récupérer le lait fraîchement tiré, pour ensuite le livrer chez les nounous en le gardant bien au frais

Cette initiative est possible puisqu’en Indonésie, les entreprises ont l’obligation de proposer une salle de lactation. Les femmes peuvent ainsi, entre deux réunions, mettre en biberon leur précieux élixir. 

5. En Inde, on n’allaite bébé qu’après un mois 

Le colostrum est un liquide jaunâtre, comme une sorte de petit lait, émanant des mamelons après l’accouchement. Dans plusieurs pays d’Asie, dont l’Inde, il est de coutume de penser que le colostrum est impur, voire toxique. Une croyance fausse pourtant profondément ancrée dans la culture indienne. Et c'est bien dommage car le colostrum est extrêmement nutritif pour le nourrisson puisqu’il est riche en protéines, en vitamines, en sels minéraux et en agents anti-infectieux. Bref, en tout ce dont il a besoin.

Mais au pays de l’hindouisme, on ne le donne pas aux bébés. On nourrit ces derniers au lait infantile pendant les premiers jours de leur vie, en attendant la montée de lait qui permettra finalement de les mettre au sein.

Ceci ne reflète pourtant pas un manque d’intérêt des indiennes pour l’allaitement. En effet, si on estime à seulement 35 % la part des nourrissons allaités à 48 heures en Inde, on compte plus de 94 % de bébés allaités à 1 mois. Chapeau ! 

6. Aux USA, il n’est légal d’allaiter en public que depuis 2018 

Ça ressemble à une blague de mauvais goût mais ça ne l'est pas ... Il aura bel et bien fallu attendre jusqu’en 2018 pour ne plus risquer de se faire arrêter, bambin au sein, dans l’espace public de certains États américains. No Joke ! 

En juillet 2018, et après une longue lutte juridique, l’Idaho et l’Utah ont enfin adopté une loi rendant légal le fait de nourrir son bébé en public. #Hallelujah Il s’agissait des 2 derniers des 50 États nord-américains à considérer la pratique illégale.

Lié ou pas à cette décision, le nombre de bébés allaités aux Etats-Unis ne cesse de croître. En 2018, 84% d’entre eux étaient nourris au sein - contre 77% en Belgique ou encore 70% en France.

7. Chez les !Kung San d'Afrique du Sud, on donne le sein jusqu’à 100 fois par jour

Et là, avouez que comme nous, vous faites vos maths : 100 fois par jour divisé par 24H = ?

Parmi les variations culturelles des pratiques d’allaitement, il y a aussi la fréquence des tétées. En Afrique australe, les !Kung San du désert du Kalahari forment un peuple autochtone que l’on peut qualifier de chasseurs-cueilleurs modernes.

Au sein de cette communauté, les nouveaux-nés et enfants en bas âge sont allaités (très) fréquemment et intensivement. En effet, on compte une tétée en moyenne toutes les 15 minutes (soit 4 fois par heure si vous avez bien calculé). Et ceci au moins jusqu’aux 2 ans de l’enfant. Pour résumé, c'est simple, les mamans passent tout leur temps avec leurs petits qui sont perpétuellement perchés dans leurs bras ou dans ceux d’un autre membre de la communauté.

Plus surprenant encore, les enfants ne sont jamais posés au sol car les Kung pensent que cela nuit à leur développement.

Femme africaine allaitant son enfant au sein.

Votre dos et votre poitrine vous fait souffrir à la simple lecture de ces lignes, gardez à l’esprit que le mode de vie des !Kung est bien différent de celui de notre société moderne. La mère reçoit beaucoup d'aide et n’est jamais seule. Le proverbe africain : "Il faut tout un village pour éduquer un enfant" prend ici tout son sens.

8. Au Bangladesh, on soutient l’allaitement sur le lieu de travail

Le programme Mothers@Work a été lancé en 2017 à l’initiative de l'UNICEF et de Better Work Bangladesh (BWB). Il s'agit d'une initiative nationale qui vise à protéger les mères et à garantir que leurs enfants reçoivent les nutriments essentiels à leur bon développement. 

Cette initiative a été déployée dans 92 usines partenaires qui s s’engagent à mettre à la disposition des mamans une salle d'allaitement équipée et une garderie. Les mamans bénéficient aussi de 2 pauses supplémentaires de 30 minutes par jour pour passer plus de temps avec leurs petits.

Tout ceci sonne déjà comme un rêve ? Et bien ce n’est pas tout ! Une équipe médicale est également disponible sur place pour conseiller les mères sur les soins maternels et les sensibiliser aux avantages de l'allaitement.

Sans surprise, Mothers@Work profite aux femmes qui travaillent, à leurs bébés mais aussi aux employeurs puisqu’une mère heureuse est une employée plus productive.

N'hésitez donc pas à forwarder cet article à vos patrons ... #derien

9. Aux Philippines, on détient le record du monde de l’allaitement simultané

C’est le Livre Guinness des records qui le dit : en 2007, plus de 15 200 femmes ont allaité simultanément leur bébé à travers toutes les Philippines. Il s’agit d’un record du monde qui, sauf erreur de notre part, n’a toujours pas été détrôné.

Si le défi fait sourire, la motivation est noble : les autorités publiques souhaitent ainsi promouvoir l’allaitement au détriment du lait industriel.

En effet, les Philippines sont connues pour leur soutien sans pareil aux femmes allaitantes. Grâce au Milk Code, le pays interdit depuis 25 ans tout marketing autour du lait infantile (publicité, distribution d’échantillons, réductions et autres). Les contrevenants risquent même une peine d’emprisonnement.

Élève modèle, le pays a également renforcé son soutien aux jeunes mamans en 2009 avec une loi obligeant les établissements publics à proposer des postes de lactation qui doivent être équipés de sièges confortables, de lavabos, de prises électriques pour tire-lait et de réfrigérateurs. Le minimum il nous semble ! 

10. Au Brésil, on fait des dons à la plus grande banque de lait du monde

Fin du suspense ! Les championnes du monde de l’allaitement sont bel et bien les brésiliennes. On estime à près de 95% le nombre de bébés qui y sont nourris au sein.

Cependant, 11% des naissances dans le pays sont celles de bébés prématurés. Les favelas, qui abritent les classes sociales les plus pauvres, sont les plus touchées par le phénomène.

Face à la misère et à l’urgence, des milliers de mères donnent chaque année à la plus grande banque de lait maternel au monde : l'Institut Fernandes Figueira. Si ce dernier reçoit des fonds du Ministère de la Santé, l’essentiel de son activité repose sur la solidarité des mères. De vraies héroïnes tirent parfois jusqu’à 2 litres de lait par semaine, en plus de celui destiné à leurs enfants.

Ce sont les pompiers qui s’occupent gracieusement du transfert du lait à la banque. Le lait maternel agissant comme un médicament sur ces nouveaux nés, on considère d’ailleurs que ces dons permettent de sauver 170.000 prématurés par an.

Pour conclure, et ce en dépit des disparités culturelles, la planète semble convaincue que le sein, c’est sain ! On voit d’ailleurs naître des initiatives sur tous les continents, avec pour finalité commune l’accroissement du nombre de bébés allaités. C’est encourageant car si la pratique se généralise, elle permettrait de sauver plus de 800 000 nouveaux-nés chaque année. 

Carole Bertrand, pour Milk Away

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Sources :

crédit photo d'illustration : Unsplash - Mehmet Turgut Kirkgoz